Salut à toi !
Comment vas-tu depuis tout ce temps ?
Je reviens vers toi comme le doux chant printanier des oiseaux après 4 mois d'un long silence. Un replis nécessaire pour moi.
Aujourd'hui, je t'écris parce que je ressens le désir de te partager ce qui m'a traversé.
Comme tu le sais en décembre dernier, j'ai vécu un rebondissement professionnel.
La fin d'une collaboration, une relation devenue compliquée et qui m'a impactée plus que ce que je l'aurais imaginé à différents niveaux.
Une collaboration dans laquelle je m'étais investie à corps perdu et qui ne me laissait pas suffisamment d'énergie pour développer ce que j'aurai souhaité avec l'Odyssée d'Anha.
À la fin de celle-ci, il m'a donc fallu renoncer à mon statut d'indépendante.
Un deuil professionnel qui a éveillé beaucoup de colère en moi.
De la colère mais aussi de la culpabilité et même de la honte.
Une colère dirigée vers moi de ne pas m'être protégée, de m'avoir fait violence, d'avoir été naïve.
La culpabilité d'avoir emmené ma famille avec moi dans ce rêve chimérique retombé comme un vieux soufflé !
La honte de ne pas avoir réussi.
Sortir de cette chimère m'a confronté à la réalité de ce monde, à l'absurdité de son fonctionnement.
J'ai perdu foi en l'humain, en mon métier, en ce grand tout dont je pensais faire partie.
Une perte de sens.
Un corps physique, mental et émotionnel épuisé.
Sujette aux crises d'angoisse à la simple idée de sortir de chez moi, de rencontrer des gens ou de devoir faire quoique ce soit.
Et tout cela agrémenté d'une belle pression sur ma sécurité financière comme tu peux l'imaginer.
Un rendez-vous chez le médecin et le diagnostic était posé : Burn out !
Un mot étrange.
Tu n'es pas malade mais en fait si.
Tu penses que tu peux te remettre en action mais en fait non.
Un jour tu es persuadée que tu te sens bien mais le lendemain tout s'effondre et tu passes la journée sous la couette avec tes mouchoirs pour essuyer des larmes que toi-même tu ne comprends pas.
Ce qui te met en joie, t'angoisse la seconde qui suit.
Je n'ai donc pas eu le choix, je me suis posée avec ça, avec moi.
J'ai pris le temps de lire le livre de ma meilleure amie Lauranne qui a traversé cette épreuve il y a deux ans et a fait de son journal de bord, un livre.
C'était apaisant, je me reconnaissais dans ces mots.
À leur lecture, je pouvais entendre sa voix, voir les expressions de son visage comme si elle était assise près de moi.
C'était réconfortant et drôle parfois.
Elle l'a été, présente, et elle l'est encore d'ailleurs.
Et puis progressivement au fil de ce repos vital qu'il m'a fallu accepter, j'ai pris conscience que cet état n'était pas le simple fait d'un trop plein professionnel.
En faisant une petite rétrospective, j'ai constaté que je ne m'étais pas arrêter depuis 6 ans.
Que je vivais dans un espèce de tourbillon incessant depuis tout ce temps.
D'abord la mort de mon père, un déménagement, cet emploi de masseuse à la chaîne, la séparation de mon compagnon de l'époque et la rupture fracassante avec l'ensemble de nos amis.
Ensuite un nouveau déménagement, une crise relationnelle avec ma fille, prendre des cours du soir de réflexologie plantaire, débuter une nouvelle relation. Cette relation pour laquelle je me lancerai dans une énième spirale de guérison parce qu'elle a quelque chose de spéciale et j'ai le désir profond de ne pas faire peser le poids d'un passé toxique sur ses épaules.
Je m'investirai donc dans une nouvelle formation en pleine période Covid.
Un cursus qui, comme j'en ai beaucoup parlé, me permettra de toucher le coeur de l'oignon : l'amnésie traumatique. La mémoire d'un viol et de nombreuses violences.
Et là encore, un seul focus : me relever à tout prix !
À peine sur mes deux pieds, me lancer à corps perdu dans l'accompagnement d'autres femmes et cette collaboration.
Et je ne remonte qu'à 6 ans mais j'aurais encore pu remonter au-delà !
Bien sûr, j'ai eu des temps de répit, des joies immenses, des instants de beauté, d'amour, de douceur, de fierté tout au long de ces 6 années et de ma vie en générale.
Mais j'ai pris conscience que je fonctionne depuis toujours dans la force, dans cet archétype de la guerrière.
Une guerrière guidée par ses injonctions : il faut se relever - il faut avancer - créer - faire - avoir et cela sans cesse.
Une guerrière toujours à la recherche d'un combat, de quelque chose de rude, qui doit à tout prix déployer sa force, son courage, éprouver son endurance et bien souvent à l'intérieure d'elle-même plus qu'à l'extérieur.
Je me suis posé cette question si simple et complexe à la fois : qu'est-ce qui est essentiel ?
Dire stop à cette course insensée à l'avoir, au faire et à l'être.
Autoriser le repos de la guerrière.
Retrouver la simplicité.
Prendre le temps de sentir ce qui me met en joie.
Ce qui me nourrit, me remplit.
Depuis le mois dernier j'ai repris l'animation des journées de stages des 13 Mères et je sens que j'y suis à ma place.
J'ai retrouvé la joie de faire mon métier, d'accompagner les autres en revenant à cette simplicité originelle.
Le faire pour le plaisir de partager, par amour et non pas dans le besoin et l'obligation de développer une société au chiffre d'affaire mirobolant !
J'ai choisi de subvenir à mes besoins financiers en travaillant les mains dans la terre et je débute mon premier job saisonnier dans la cueillette dans quelques jours!
Je n'ai pas abandonner mes projets ni mon rêve du voyage.
J'y travaille en silence, à mon rythme, dans la conscience de ce qui est juste pour moi aujourd'hui.
Je te remercie de m'avoir lue jusqu'au bout.
De coeur à coeur,
Anha, une guerrière en paix 🌹