Défi Écriture Jour 58/109 : L’aliénation parentale.
Je mettrai 6 mois et pas un de plus pour nous trouver un logement.
Un trois-pièces en enfilade avec une cour dans un quartier animé de Molenbeek, à côté d’une grande station de métro.
C’était important, car il fallait que je puisse aller chercher ma fille à l’autre bout de la région bruxelloise.
Un logement à la hauteur de mes moyens dans un quartier bon marché à deux heures aller-retour pour chaque trajet, mais ce n’était pas le plus important.
Je retrouvais une situation plus stable et enfin j’avais choisi de vivre seule.
Évidemment, je m’étais offert les services d’un avocat pro deo qui n’avait pas fait le poids face à l’attaque massive de mon ex-conjoint.
J’avais à peine obtenu un droit de visite un week-end sur deux et je payais une pension alimentaire.
Aujourd’hui, en y repensant, cela me fait sourire, moi qui n’avais jamais rien demandé pendant 2 ans.
Enfant, j’avais vu mes parents se déchirer pendant 4 années pour ma garde.
J’avais entendu par des assistantes sociales alors que j’étais si petite.
Je ne m’en souviens pas vraiment, le seul sentiment que j’en garde c’est que je n’y comprenais rien.
Lorsque le jugement avait été rendu, je ne pouvais voir ma mère que les week-ends qui avaient été défini par un juge et mon père refusait catégoriquement toute autre possibilité.
Je trouvais cela tellement absurde que quelqu’un que je ne connaissais pas me dise à moi, petite fille, quand j’avais le droit de voir ma mère.
Bon, comme tu le sais, ce n’était pas un ange, loin de là !
Mais mon père n’en savait rien, ce n’était pas cela qui le motivait, mais son droit sur moi.
Et moi, mes droits, c’était quoi ?
Et voilà que je me retrouvais moi-même dans cette situation en tant que mère.
Ce n’était que le début et la face visible de l’iceberg des attaques, des mensonges et des manipulations.
Peu importe si je pouvais prouver ou non, noir sur blanc que ces attaques étaient infondées, la justice est restée aveugle pendant les quatorze années qui ont suivi.
Cette pratique a un nom aujourd’hui.
Elle s’appelle l’aliénation parentale.
C’est la manipulation de l’enfant par un des deux parents, le plus souvent celui qui possède la garde dans le but de monter l’enfant lui-même contre son propre parent afin de l’évincer en utilisant le système judiciaire.
Pourquoi ?
Aujourd’hui, je comprends que les causes qui génèrent ce type de comportement peuvent être multiples.
Ce qui me heurte c’est la souffrance infligée à l’enfant.
Durant ces quatorze années, nous sommes passés par tous les cas de figures et de procédures possibles.
À chaque fois que je retrouvais ma fille, elle était un peu plus en colère, un plus imprégnée d’une histoire qui n’était pas la sienne.
Aujourd’hui encore, je me demande comment la justice a pu voir ce dossier passé encore et encore sans que personne ne se pose de question.
Je t’avoue que cela me laisse toujours un goût amer et une certaine rancœur envers cette profession même si je sais que bon nombre d’entre eux ont de grands idéaux et de hautes valeurs.
Mais laissons là la polémique, car ce n’est pas le sujet de mon article.
Ce que je retiens personnellement aujourd’hui de cette tranche de vie se tient en 6 points.

Au bout de ces années de combat, pour nouer une vraie relation avec ma fille, j’ai d’abord dû laisser derrière moi l’image classique de la relation mère-fille pour devenir son amie avant de redevenir sa mère.
J’ai appris à me détacher de cette identification (presque inévitable) à mère pour savoir et devenir la mère que je souhaitais être.
J’ai appris à ne plus avoir peur, peur d’être une mauvaise personne.
J’ai découvert ma ténacité, l’ampleur de mon amour.
J’ai développé la force tranquille de celle qui reste présente quoiqu’il se passe.
Que l’amour d’une mère est indéfectible.
Bien sûr que oui ! J’ai traversé des moments de colère, de rejet, des moments où j’ai voulu partir et tout laisser.
Aujourd’hui, j’ai la plus belle des récompenses.
De cœur à cœur,
Anha 🌹