Hier, je t’écrivais que pour accompagner les femmes, j’avais dû prendre le chemin du pardon.
Me pardonner à moi-même, aux femmes qui ne m’ont pas protégée, à celles qui m’ont blessée.
Je dois t’avouer que je suis loin d’avoir accordé mon pardon à toutes ces personnes.
Le pardon n’est pas quelque chose que l’on décide ou qui apparaît soudainement après un stage de développement personnel ou spirituel.
Ce n’est pas non plus une obligation, le Graal ultime à atteindre pour vivre heureuse et se sentir bien.
Et pardonner est encore moins effacer ce qui a été fait.
C’est beaucoup plus subtil que cela.
Aujourd’hui, je dirais que c’est quelque chose que l’on ressent dans son cœur et dans corps.
Un sentiment qui se traduit par d’autres comme la compassion que je peux ressentir pour la jeune femme que j’étais dont j’ai jugé durement les actes et les paroles pendant longtemps.
La pitié aussi que j’éprouve pour d’autres parce que je peux voir aujourd’hui que dans leurs mondes, il n’y avait pas d’alternative.
Pardonner c’est se libérer d’une colère nous dit-on.
Certes, c’est vrai.
Mais la colère n’est-elle pas légitime ?
Ne peut-elle pas faire partie de nous sans forcément être perçue comme négative ?
Dans le monde d’aujourd’hui, une personne triste est faible, une personne en colère ne va pas bien.

La colère, personnellement, je la remercie, elle m’a tenu en vie, elle m’a donné la force de me battre.
Elle m’a permis de poser mes limites.
Parfois, il arrive que lorsque les vieilles colères remontent encore, elles m’empêchent de dormir.
Lorsqu’elles reviennent, c’est souvent parce que je suis en train d’accepter un comportement qui me blesse, qui ne me convient pas et qui fait écho au passé.
Alors, non je n’ai pas pardonné à toutes ces femmes de mon passé.
Mais je peux voir aujourd’hui la beauté de chaque femme que je rencontre, sa beauté intérieure, l’aimer sincèrement sans la craindre, sans l’assimiler à de vieilles blessures dont elle n’est pas responsable.
J’ai envie de te partager ce texte que j’ai écrit en 2017.
Un texte qui pour moi reflète ce que j’ai pu apprendre tout au long de ces années qui m’a permis d’avancer, mais aussi cette drôle de perversité qu’est cette l’obligation d’être bien-pensant que nous impose les milieux de la spiritualité et du développement personnel.
Entre ombre et lumière
Aujourd’hui j’apparais tel que je suis sans fioriture
Entre ombre et lumière
Toutes ces années j’ai travaillé à maitriser la colère et l’agressivité
À devenir optimiste, bien-pensante et bienveillante
Au lieu d’interpréter
J’ai appris à écouter
Au lieu de hurler
J’ai appris à parler
Au lieu d’être négative
J’ai appris à rendre mes échecs constructifs
Au lieu de sombrer
J’ai appris à me connecter à mon corps et ses ressources
Souvent, j’ai cru que tout était acquis
Être humain que je suis
Mais rien ne l’est jamais..
Tout s’évalue, tout évolue
Perpétuellement
La colère et l’agressivité
Je les avais juste enfouies
Bien au fond
Mais elles sont là
Elles font partie de moi
Entre ombre et lumière
Aujourd’hui est le jour où je peux les recevoir
Les accueillir sans peur de décevoir
En faire mes forces
Je suis sur le chemin de la guérison
Celle qui écoute et qui compatit
Je suis celle qui se souvient et qui transmet
Aujourd’hui un peu plus près de l’unité juste
De ce qui est juste pour moi
Un être d’ombre et de lumière
Une femme, une mère.
De cœur à cœur,
Anha🌹