En cette journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal, j’aimerais adresser une pensée à tous les paranges.
Une pensée à tous les frères et sœurs aussi et à ma jumelle partie trop tôt.
J’ai perdu un enfant et failli en perdre un deuxième lorsque ma cadette, ce petit lion combattant a vaincu la mort suite à une pleurésie fulgurante.
J’honore votre courage et votre force à surmonter ces épreuves.
Je pense aussi et c’est là que le sujet va peut-être faire polémique, à toutes les femmes qui n’ont pas pu garder leur bébé et ont fait le choix d’avorter.
Sujet sensible et encore tabou, mais j’assume.

De nombreuses femmes font le choix d’avorter en vivant un vrai deuil comme je l’ai fait il y a 21 ans.
Il n’y a pas ici de place au jugement de bonnes ou de mauvaises raisons.
Il y a un fait, une femme qui avorte est légitime de vivre le deuil de son enfant perdu.
Aujourd’hui encore, je pense à ce fils que je n’ai pas eu et il m’arrive de le pleurer.
Ce sujet est encore trop souvent tabou comme l’écrit Aude Mermilliod en parlant de sa bande dessinée sur le sujet « Il fallait que je vous dise ».
Ce n’est pas parce que cette décision est claire, voire évidente, pour une femme qu’elle ne vit pas ce drôle de deuil ensuite.
Je ne parle pas de culpabilité, mais bien de la tristesse, du chagrin d’avoir perdu un être cher.
Bien souvent, ce deuil est perçu comme illégitime par notre entourage.
« C’est toi qui l’as choisi »
« je ne vois pas pourquoi tu es triste, tu n’en voulais pas »
« tu auras le temps d’en faire d’autres »
Un deuil incompris parfois par la femme elle-même qui refuse, rejette cette tristesse.
« Je n’ai pas le droit d’être triste, je suis coupable »
Oui le poids du jugement de notre société est bien lourd même dans nos contrées.
Alors qu’avorter en réalité, est, à mes yeux, un acte d’amour.
J’avais à peine 21 ans, une petite fille de 3 ans, j’étais seule et dans une galère financière.
Cette annonce de grossesse n’était pas prévue, un accident.
Je ne me sentais pas capable d’y arrive, je n’avais pas les ressources pour me battre pour 2 enfants.
Et surtout, à l’époque, je n’étais même pas sûre d’être une mère.
Je ne voulais pas mettre cet enfant au monde. Dans mon cœur, ce n’était pas juste pour lui.
Ce n’était pas juste parce que je l’aimais déjà et que mon désir profond était de le protéger.
Je ne peux l’expliquer, mais j’ai toujours été persuadée qu’il était un petit bonhomme.
En 21 ans, je ne l’ai pas oublié ni effacé.
Il est mon fils, un de mes enfants.
Parfois je me prends à rêver que son âme a trouvé un autre chemin pour s’incarner sur cette terre et qu’un jour la magie de la vie nous permettra de nous rencontrer.
Ce deuil, bien que totalement occulté, existe.
Si tu vis cela ou si tu l’as vécu, je voulais profiter de ce jour pour te dire que tu n’es pas seule.
De cœur à cœur,
Anha🌹